2019 : au-delà du syndicat ? – Décongeler les structures de la CGT #7
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Depuis plusieurs dizaines d’années, la CGT fait le constat que ses structures ne permettent plus de répondre aux évolutions du capitalisme, et qu’il faut les transformer pour rester en capacité d’affirmer un syndicalisme qui permette d’exercer réellement un rapport de forces. Du rapport Warcholak de 1980 au 53e congrès, passage en revue de 45 ans d’immobilisme sur les structures de la CGT.
Lors du Congrès de 2019 à Dijon, le constat des blocages, notamment au nom du fédéralisme, est répété. Le document d’orientation incite de nouveau à la création de syndicats multipros, professionnels territoriaux, ou de site, mais va plus loin justement pour répondre aux limites identifiées sur le sujet du fédéralisme. Ces formes de syndicat alternatives au syndicat d’entreprise sont ainsi présentées comme une possibilité durable pour les salarié⋅es des petites entreprises – et non plus uniquement comme des formes transitoires en attendant d’avoir son « vrai » syndicat (comprendre, d’entreprise). Mais comment faire vivre de tels syndicats s’ils ne sont composés que de militant⋅es d’entreprises où il n’y a pas de droits syndicaux ? Le document propose pour y répondre qu’un syndicat multipro ou territorial professionnel soit animé par des militant⋅es d’un autre syndicat ou d’une structure territoriale ou professionnelle. Cette proposition, innovante en ce qu’elle dépasse le modèle du sacro-saint syndicat autonome et replié sur lui-même, n’a probablement presque jamais été expérimentée. Elle pourrait pourtant être une vraie piste pour faire vivre la CGT là où elle a du mal à exister, en renforçant le rôle des Unions départementales, comme le prévoit un autre point du document : celles-ci auraient la responsabilité d’animer l’activité de la CGT localement, sans nécessairement que cela implique des structures propres séparées.
Rapport d’activité
Des évolutions concrètes tant en termes de construction et de modes de fonctionnement entre organisations doivent être opérées si nous voulous peser efficacement et gagner en convergences.
Cela a été posé aussi pour des difficultés internes récurrentes, auxquelles certaines des organisations de la CGT ont été confrontées. Les relations entre organisations de la CGT sont fondées sur le principe de la démocratie syndicale et du fédéralisme. Dans le respect des statuts confédéraux, elles disposent d’une pleine autonomie d’expression, de décision et d’action. Le fédéralisme a pourtant été quelquefois invoqué comme l’indépendance de chaque organisation. Indépendance et autonomie sont deux notions différentes.
Le fédéralisme s’exerce dans le cadre d’une responsabilité collective pour rechercher et parvenir à des coopérations et à une complémentarité de l’action, de l’activité et des liens dans et entre les organisations CGT.
Il est aussi un outil qui doit permettre de dépasser les conflits internes à partir de la notion d’intérêts communs. La commission affiliation élue par le CCN a été trop souvent confrontée aux limites de l’exercice de son action et, malgré ses interventions et propositions, n’a pu éviter que plusieurs organisations de la CGT tentent de régler des conflits par l’intermédiaire de la justice et des tribunaux.
Comme décidé par les syndicats lors du 51e Congrès, nous avons engagé un travail sur la structuration de nos organisations. Il est à prolonger tant sur les champs fédéraux que pour les organisations interprofessionnelles. Cela afin que le 52e Congrès marque une impulsion pour des évolutions concrètes et permette que nos organisations répondent mieux aux enjeux et à nos ambitions.
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Le retard que nous accusons en termes de forces organisées doit être comblé et les batailles en cours et à venir sur la représentativité doivent être remportées à partir de dynamiques internes encore trop timides au sein de notre organisation.
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Nous subissons toujours le repli sur soi des syndicats, des organisations. L’urgence du quotidien gérée par une poignée de « militants à 200 % » pour compenser, voire masquer la faiblesse de nos forces organisées, peut préserver l’image d’une CGT dynamique, mais cela ne rend pas l’action de la CGT plus forte, plus efficace !
Ce constat apporte la lumière sur notre perte de repères généralisée, et de notre glissement vers un syndicalisme plus « délégataire » que nous ne sommes pas parvenus à inverser. Des syndicats fonctionnent de plus en plus avec des élus, sans aucun autre syndiqué, des organisations qui ont tendance à avancer sans réelle prise ou liens avec leurs syndicats. Le simple fait de la prise de conscience collective de nos difficultés est apparu comme une étape décisive pour le développement de plans de visite des syndicats.
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Document d’orientation – Thème 4 : le déploiement au cœur d’un syndicalisme de masse, de classe, utile et efficace !
Renforcer notre conception de masse du syndicalisme
La syndicalisation n’est ni une démarche naturelle ni une démarche automatique. C’est une stratégie qui s’organise et se construit. Pour cela plusieurs pistes peuvent être améliorées :
- valoriser les avancées gagnées et les résultats de notre travail concret est déterminant pour donner confiance aux salariés et salariées et démontrer l’utilité du syndicalisme ;
- nos syndiqués et syndiquées doivent toutes et tous être formés pour être des acteurs de syndicalisation sur leur lieu de travail, dans la branche, la localité ;
- les projets de syndicalisation, confluent des objectifs des professions et des territoires, font clairement leurs preuves quand ils sont mis en œuvre. Il nous faut, avec l’implication des syndicats, les généraliser. L’enjeu est de prioriser les entreprises, secteurs ou catégories socio professionnelles dans chaque territoire et profession en lien avec les élections, les luttes ou les campagnes CGT.
- faire de la syndicalisation, une priorité dans l’utilisation de nos moyens humains et financiers et appliquer le taux de cotisation de 1 %.
- travailler collectivement pour équilibrer nos temps militants entre celui passé auprès des salariés et salariées et les discussions entre nous ou avec l’employeur ;
- mettre en commun nos moyens à toutes les échelles pour faciliter les plans de développement suivant les priorités identifiées en congrès ;
- faire de la consultation des salariés et salariées un moyen de syndicalisation en les impliquant à partir de leurs aspirations ;
- systématiser la syndicalisation pendant les luttes ;
- concrétiser les adhésions en ligne : en 2016, ce sont 3 469 salariés et salariées qui ont souhaité se syndiquer via le site confédéral. 20 % de ces adhésions sont effectives. Si leur concrétisation s’améliore, il nous faut néanmoins perfectionner le dispositif confédéral, particulièrement dans la mise en relation de l’adhérent et de son syndicat de rattachement ;
- la mise en place d’un livret d’accueil confédéral du nouveau syndiqué pour garantir à tout syndiqué de disposer des premières informations de connaissance de la CGT.
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Se donner les moyens d’être la CGT de toutes et de tous
Pour rassembler vraiment l’ensemble du monde du travail, nous devons nous donner des priorités de déploiement aussi en direction de celles et ceux que nous touchons trop peu et qui ont un grand besoin de syndicalisme pour leur permettre, trop souvent, simplement de faire respecter leurs droits, et d’en gagner de nouveaux.
À ce titre, la syndicalisation des travailleuses et travailleurs migrants est un enjeu de rassemblement pour l’unité du salariat. Aller à leur rencontre au plus près de leur lieu de vie et de travail est une des clés de leur syndicalisation.
Se déployer vers toutes les travailleuses et travailleurs
La mobilité des salariés et salariées, subie ou choisie, complique la syndicalisation. Changer souvent de lieu de travail, comme les intérimaires, les précaires ou les prestataires, avoir plusieurs lieux de travail, comme les salariés et salariée du nettoyage, les aides à domicile les salariés et salariées nomades, ou en télétravail, être enfermé dans des temps partiels, accentue les difficultés d’organisation et d’implication. Travailler chez un autre employeur que celui avec qui le contrat de travail est établi, comme pour les prestataires, les intérimaires ou les sous-traitants dilue les responsabilités de l’employeur et fractionne le collectif de travail. Pire, être privé d’emploi isole, humilie et prive de citoyenneté sociale et de droits. Hors de question que la CGT ne s’adresse pas à ces salariés au prétexte qu’ils et elles ne sont que de passage dans l’entreprise, ou, pire, penser que ce serait cautionner la précarité que de les organiser. Pour empêcher la généralisation du dumping, il nous faut organiser et mobiliser ces travailleurs et travailleuses, de façon à tirer leurs droits vers le haut et à solidariser le collectif de travail. La pluralité des liens et des collectifs de travail empêche toute solution simple et unique ; il nous faut, à partir de quelques principes, faire du cousu main.
Le syndicat doit pouvoir intégrer dans son champ de syndicalisation, de revendication, de déploiement, l’ensemble des travailleurs et travailleuses présents dans le collectif de travail, et intervenir pour défendre et revendiquer pour les permanents comme pour les précaires. Les différents syndicats d’un même périmètre doivent travailler plus ensemble et s’impliquer davantage dans la mise en commun des syndiqués et des syndiquées.
- L’échelon territorial est souvent très utile pour permettre à celles et ceux ayant plusieurs lieux de travail ou pas de lieu de travail fixe de s’organiser. C’est à ce niveau que des solidarités peuvent être construites pour définir des axes de travail en direction des salariés et salariées, du particulier, employeur ou des travailleurs et travailleuses indépendants par exemple. Nous disposons de nombreuses expériences réussies à faire connaître et généraliser.
- La CGT n’a pas fait le choix de créer des syndicats de privés d’emploi ou de précaires ; par contre, nous devons proposer des formes d’organisation permettant de briser l’isolement. Face à la complexité administrative, à la déshumanisation du suivi des demandeurs et demandeuses d’emploi, l’organisation dans les territoires est un levier pour organiser collectivement la défense des privés et priévées d’emploi et garantir leur accès aux droits sociaux. Notre Comité national des travailleurs privés d’emploi et précaires (CNTPEP) est un outil pour impulser ces dynamiques.
- Le rôle du CNTPEP doit être renforcé et mieux articulé avec les professions afin de travailler la cohérence au sein des filières professionnelles et ainsi avoir un outil en capacité d’affronter le dumping social, particulièrement dans le domaine de l’exclusion du travail et de la précarité.
- Nous avons, lors du 51e Congrès, décidé de syndiquer les travailleurs et travailleuses dits indépendants, mais en fait bien souvent hypersubordonnés. Ceci a donné lieu à des expériences réussies de syndicalisation et de luttes notamment auprès des livreurs à vélo. Il nous faut les généraliser.
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Faire évoluer nos structures
Si beaucoup de nos organisations, de nos syndicats, réfléchissent isolément sur leur rôle dans la CGT, il est un passage obligé : le faire ensemble pour prendre des décisions collectives et partagées. Être CGT, c’est travailler les convergences d’intérêts, en partant des spécificités catégorielles et des problématiques propres aux professions et aux territoires. La réflexion interprofessionnelle ne se limite pas aux territoires ou à la confédération, elle doit être portée par les syndicats et les professions. Les structures de la CGT n’ont jamais été figées, elles ont été construites et adaptées en fonction des besoins des salariés et salariées, du rapport de force et de l’organisation. Pour mener la réflexion sur les structures, il nous faut donc partir du principe que ce n’est pas aux salariés et salariées de s’adapter à la CGT, mais à la CGT de répondre à leurs aspirations et dépasser l’attachement affectif à nos organisations comme les enjeux de pouvoir.
Préciser ensemble nos principes de constitution de syndicats, bases de la CGT
Nos syndicats sont marqués par une très grande disparité de taille, et de périmètre, mais, depuis 1945, on est globalement passé du syndicat professionnel local au syndicat d’entreprise, notamment du fait de la reconnaissance, à partir des années soixante-dix, de la section syndicale d’entreprise et du développement de la négociation à ce niveau. Il ne peut y avoir d’uniformité dans la forme des syndicats. Le syndicat est le premier lieu de confédéralisation. Il doit donc répondre à plusieurs critères pour trouver sa place, quelle que soit sa forme, dans l’organisation CGT. Pour être efficace, un syndicat doit avoir sa capacité d’élaboration des revendications avec les salariés et salariées, à construire un rapport de force, à négocier, à animer une vie démocratique, à mettre en œuvre les orientations de la CGT et à participer au rapport de force interprofessionnel.
À chaque syndiqué, son syndicat
84 050 de nos syndiqués et syndiquées ne sont rattachés à aucun syndicat. La multiplicité des adhérents individuels et adhérentes individuelles est un réel sujet, mais il faut aussi différencier leur provenance : les travailleurs et travailleuses des TPE, ou travailleurs et travailleuses nomades, les intérimaires ou précaires qui s’adressent à la CGT sans que l’on puisse les orienter vers une structure existante. Les adhésions en ligne en sont une illustration, même si, pour une partie d’entre eux, des syndicats CGT existent.
Depuis le 48e Congrès nous avons insisté sur plusieurs configurations de syndicats qui demandent à être précisées.
La création de syndicats multiprofessionnels, ou territoriaux professionnels a pour objectif que chaque syndiqué ait un syndicat. Un accueil spécifique, en fonction de la taille de l’entreprise, sera organisé pour fidéliser la syndicalisation et développer l’organisation. Pour rendre plus efficace la vie démocratique de ces syndicats, le congrès propose plusieurs pistes à mettre en œuvre sous la responsabilité des unions départementales et des fédérations. Un bilan en sera présenté au 53e congrès confédéral.
- L’animation d’un syndicat multipro ou territorial professionnel peut être faite par un ou des militants et militantes d’un autre syndicat, d’une organisation territoriale ou professionnelle sous la responsabilité des UD et FD concernées afin d’assurer la continuité de l’activité, le suivi des adhérents et adhérentes et l’accompagnement des nouvelles bases.
- Une partie des travailleurs et travailleuses, provenant des entreprises de moins de 20 salariés, peuvent s’organiser de façon permanente au sein de ce type de syndicat sous les formes appropriées pour construire le syndicalisme dont ils ont besoin.
- Pour celles et ceux provenant des entreprises de plus de 20 salariés, une délimitation dans le temps de 2 ans ou 3 ans paraît pertinente jusqu’à la création d’un syndicat plus à même de répondre à leurs attentes.
- L’utilisation de la « part syndicat » des cotisations des syndiqués et syndiquées dits individuels doit servir pour le fonctionnement du syndicat ;
- L’expérimentation par les unions départementales « volontaires » d’un système de prise en charge des aspects administratifs et financiers de la gestion de ces syndicats, coordonné par la confédération, doit permettre de lever les freins à la création des syndicats.
- Le lancement d’un travail avec les 10 fédérations comptant le plus d’individuels doit permettre de recenser les expériences de professions et territoires qui ont permis des avancées significatives allant dans le sens du respect de nos décisions, notamment de l’article 7 de nos statuts confédéraux.
Le syndicat de site permettant de reconstituer la communauté de travail, doit être développé, particulièrement dans les zones à forte concentration de travailleurs et travailleuses (ex : centrales nucléaires, gares, arsenaux…). Les liens entre les syndicats ou fédérations donneurs d’ordres et sous-traitants doivent être renforcés et généralisés, les outils de nos organisations rayonnant sur la sous-traitance doivent être davantage diffusés et interprofessionnalisés.
Pour l’ensemble des syndicats, afin de clarifier les périmètres, de renforcer l’efficacité et d’éviter les conflits, il faut veiller à ce que les nouveaux syndicats puissent être officialisés conjointement par les organisations professionnelles et territoriales. Aussi, l’organisation (UD ou fédération) qui assure la création du syndicat doit veiller à l’information et recueillir la validation de l’autre organisation. Il en est de même pour les modifications de périmètre de syndicats.
L’activité de la CGT en territoires
Depuis plusieurs années, nous sommes entrés dans une phase d’accélération des réformes territoriales. Elles devraient se poursuivre et s’amplifier. Cela réorganise en profondeur l’organisation du territoire et la répartition des compétences entre les différents échelons. Nous en avons dénoncé les conséquences de longue date : spécialisation et mise en concurrence des territoires, recul de la proximité des services publics, abandon des territoires ruraux et périurbains, concentration de la main-d’œuvre qualifiée dans les métropoles et spéculation foncière… Notre organisation ne peut ignorer ces enjeux et doit se donner les moyens de peser sur ces nouveaux périmètres en exigeant une réelle démocratie sociale à l’échelon territoriale.
La métropolisation, telle qu’elle se construit, est un phénomène de concentration afin de construire des super-collectivités mises en concurrence les unes avec les autres, ayant pour conséquences d’affaiblir les territoires environnants. Cette logique de spécialisation et de concentration met inévitablement les travailleurs et travailleuses en concurrence à toutes les échelles. La CGT doit prendre en compte cette situation nouvelle dans laquelle cohabitent les travailleurs et travailleuses les plus qualifiés et un développement de la précarité par des emplois de services.
Cette concentration des activités renforce la nécessité, pour la CGT, de développer sa capacité à être force de propositions, autant dans les métropoles, que dans les autres territoires afin de favoriser un équilibre industriel, des emplois de proximité, des services publics et de l’ensemble des activités économiques sur tous les territoires de manière complémentaire.
Le besoin de renforcer l’activité de la CGT sur chaque territoire suppose de repenser la place et le rôle de chacune des organisations que sont les unions locales, les unions départementales en lien avec les structures régionales que sont les comités régionaux. Pour répondre à tous les défis posés, la complémentarité territoriale doit pouvoir le faire. Cela nécessite d’éclaircir la place des organisations et des structures CGT en territoires à plus d’un titre :
- articuler les compétences des structures et organisations territoriales pour être plus efficaces et répondre à l’ensemble des défis posés à la CGT et aux travailleurs et travailleuses ;
- donner de la lisibilité aux syndicats afin d’identifier la ou les structures en capacité de répondre à leurs attentes ;
- Impulser sur chaque territoire le travail en commun des syndicats pour construire des projets de déploiement et/ou de territoire sur les enjeux revendicatifs ;
- conforter les organisations et structures de la CGT sur leur utilité dans l’organigramme de la confédération.
Articuler les compétences des structures territoriales de la CGT suppose de les identifier pour les rendre complémentaires. Avec l’ambition de passer d’une activité de l’urgence à une démarche anticipatrice et de conquête, la CGT doit définir des tâches prioritaires pour chacun de ses outils territoriaux.
Notre réseau d’unions locales
Force est de constater, dans une majorité des situations, la carence des syndicats dans les unions locales. Cela se traduit par une animation trop souvent très resserrée sur quelques militants et militantes qui se démènent pour faire vivre la CGT. Si cela permet à la CGT d’avoir une vitrine et d’assurer un accueil en proximité, nous ne pouvons nous satisfaire de cette forme d’organisation. Il y a loin entre nos ambitions et la réalité, nous devons décider ensemble d’y remédier.
Il convient également de poursuivre l’évolution des périmètres de nos unions locales pour tenir compte des modifications d’implantations territoriales des entreprises et services publics et des nouvelles concentrations de salariés et salariées, afin de renforcer l’accès à une CGT de proximité.
Des conférences d’unions locales ont été organisées durant le mandat dans de nombreux territoires qui ont permis d’avancer sur ces enjeux. Nous proposons d’organiser une conférence nationale sur les unions locales en 2019 avec les objectifs suivants :
- renforcer l’implication des syndicats dans les UL ;
- expérimenter de nouveaux modes d’animation de l’activité de la CGT localement sous la responsabilité des unions départementales (antennes, référents territoriaux…) ;
- définir l’activité des unions locales pour leur cohérence avec les autres organisations et structures pour développer l’activité CGT en territoire ;
- réévaluer notre maillage territorial CGT au regard de l’évolution des emplois et de la présence des travailleurs et travailleuses ;
- développer l’accueil des salariés et des salariées afin de les organiser en syndicat ;
- développer des projets de territoire ;
- coordonner et mettre en œuvre avec les unions départementales et les professions les plans de déploiement et de parrainage.
Les unions départementales
Elles doivent être confortées dans leur rôle structurant pour permettre à la CGT d’être présente sur l’ensemble du périmètre national. Cela suppose de renforcer leurs capacités et moyens. La confédération doit garantir à chaque département la possibilité de construire et mettre en œuvre les orientations. Cela passe par des moyens syndicaux ou financiers, mais aussi par un suivi et un accompagnement des dirigeants départementaux. L’union départementale est la structure territoriale la plus à même d’organiser et de coordonner l’activité CGT en territoires avec les unions locales et les comités régionaux.
L’union départementale doit structurer cette répartition des compétences territoriales à partir des propositions de la confédération pour harmoniser l’activité de la CGT. Elle a la responsabilité d’orienter l’activité pour permettre aux autres organisations territoriales (UL et CR) d’être identifiées auprès des syndicats sur leur responsabilité particulière.
L’union départementale s’attache à permettre aux syndicats de mener à bien leur activité.
L’union départementale assure aux organisations, avec la confédération, la connaissance des données de syndicalisation et organise les actions à mener pour le renforcement.
Elle assure la formation des syndicats sur les enjeux revendicatifs, les questions de vie syndicale, la mise en œuvre de la charte des élus et mandatés. Elle doit permettre la construction d’une démarche revendicative et contribuer au développement des projets de territoire par les syndicats.
Elle assure la cohérence de l’activité de la CGT sur le département en assurant l’animation sur des territoires « prioritaires » en lien avec les unions locales, et participe à la coordination régionale au sein du comité régional.
Elle assure la réalisation des visites de syndicats.
Elle coordonne la politique des cadres pour permettre à la CGT d’assurer ses responsabilités sur l’ensemble du territoire.
L’organisation de nos comités régionaux
Les comités régionaux ont été mis en place à la CGT à la suite du 37e Congrès de la CGT en 1969, sur la base du périmètre des régions administratives. Constitués des unions départementales, ils ont en responsabilité de veiller aux enjeux régionaux sur leur périmètre. Confrontés au passage de 22 à 13 régions, le CCN a décidé d’organiser un seul comité régional par régions regroupées, avec maintien d’antennes, si besoin, pour traiter les particularités des territoires.
Concrétiser la décision du 51e Congrès de favoriser une activité professionnelle en régions suppose, pour les fédérations, de mandater ou désigner des représentants pour assurer l’apport professionnel au sein des comités régionaux de la CGT.
Professions et territoires doivent s’organiser pour définir des axes de travail concrets, en mutualisant les moyens et les objectifs. Les comités régionaux ont toute la pertinence pour organiser ce lieu d’échange et de construction revendicative en territoires pour bâtir et mettre en œuvre des projets à déployer en proximité. Dans ce cadre, le comité régional trouve sa légitimité auprès des organisations du CCN.
Cela n’enlève en rien la nécessaire relation entre les unions départementales et les fédérations qui restent chacune les organisations fondamentales de la CGT.
Faire aboutir le travail sur les périmètres des fédérations
Dès le 48e Congrès de la CGT, la nécessité de redéfinir notre structuration professionnelle a été validée pour renforcer la cohérence de nos organisations professionnelles. Historiquement conçues autour des métiers, les évolutions ont amené à définir les fédérations autour des activités des champs conventionnels ou statutaires.
29 fédérations, constituent notre champ professionnel. Au-delà du constat d’un grand nombre de fédérations, elles n’ont pas les mêmes capacités de répondre aux salariés et salariées de leurs champs respectifs.
Une fédération doit pouvoir répondre à plusieurs critères. Au-delà de la négociation des conventions collectives, les fédérations doivent développer des analyses sur les terrains sociaux, sociétaux, économiques et environnementaux face aux stratégies patronales et gouvernementales. Elles doivent veiller au développement des filières et analyser les restructurations de leur périmètre afin de les partager avec la confédération et les territoires. Cela les conforte dans la nécessité de mieux se coordonner entre elles et au niveau des territoires afin d’anticiper et de peser dans le cadre d’un développement humain durable.
La réorganisation des entreprises, des branches, ainsi que la nécessité de repenser nos outils professionnels nous invitent à concrétiser durant le prochain mandat la structuration de nos fédérations, dans la continuité des évolutions déjà opérées, autour des activités et des filières.
Ce chantier se fera sous l’impulsion de la confédération. En effet, la tendance à mettre en avant la dimension professionnelle (sentiment de propriété) ne facilite pas la mise en commun. Les unes ayant la crainte d’être absorbées, à l’inverse, les autres aspirants à absorber. Il y a besoin de dépasser ces ressentis pour être dans la construction d’outils nouveaux.
Les travaux des commissions « structuration et champs professionnels », « démocratie sociale » et « affiliation » doivent être des points d’appui pour accompagner ce travail nécessaire au sein de la CGT pour définir les contenus et les périmètres de ces futures fédérations.
Renforcer notre confédéralisation
La confédération doit fédérer les professions et les territoires afin d’en tirer du sens pour proposer des mobilisations, mais aussi des repères collectifs pour aider à gagner des nouveaux droits dans les entreprises, au niveau des professions et des territoires. Cela suppose de rechercher un équilibre dans la prise de décision du CCN en articulation avec la Commission exécutive de la CGT pour définir la démarche confédérale de notre organisation. Le morcellement des entreprises et du salariat comme les stratégies de mises en opposition du monde du travail nécessitent de renforcer notre approche interprofessionnelle et la solidarité entre nos structures, de confédéraliser davantage notre activité.
Un déterminant pour travailler ensemble est la confiance des organisations entre elles et vis-à-vis de la confédération afin de pouvoir développer des stratégies cohérentes. Cette confiance sera d’autant plus forte que la définition de l’intérêt général porté par la confédération sera élaborée par l’ensemble des fédérations et des unions départementales. La confédération est notre maison commune, son activité et son fonctionnement doivent être régulièrement débattus avec le CCN. Les décisions prises en congrès engagent l’ensemble de nos organisations. Le congrès doit renforcer la confédération dans sa capacité d’impulsion et d’animation sur la mise en œuvre des décisions vis-à-vis des organisations du CCN. La Commission exécutive confédérale doit veiller à ce que les organisations puissent avoir les moyens de cette mise en œuvre et développer un plan de travail pour une activité confédéralisée à tous les niveaux. L’organisation d’un temps de présentation et de débat annuel en CCN sur la mise en œuvre des décisions prises en congrès et sur l’activité confédérale doit permettre de renforcer l’implication des organisations, d’améliorer collectivement la mise en œuvre de nos résolutions et de prendre le cas échéant les décisions garantissant leur concrétisation d’ici au 53e Congrès qui en fera l’évaluation.
Un regard sur le passé montre que l’organisation des pouvoirs, bien que complexe, a permis de surmonter nombre de difficultés. La marge d’autonomie permise par le fédéralisme a ouvert à chacun la possibilité de s’ajuster aux orientations générales décidées ensemble et qui déterminent une cohérence cimentée par des valeurs communes. Les usages et la pratique ont fait le reste dans le sens où la capacité à faire prévaloir les luttes pour la défense des salariés et salariées a été plus forte que les différences.
Ces orientations seront déclinées dans un plan de travail qui devra préciser la place des organisations de la CGT et leur articulation pour gagner en efficacité. Ce chantier pourrait faire l’objet d’une mise à jour des statuts de la CGT au 53e Congrès.
La confédération aura à trouver les formes d’un bilan de l’activité du CCN et de la CEC, de leur articulation, afin, si c’est nécessaire, de redéfinir leur rôle.
- Devant l’enjeu que représente la jeunesse pour l’avenir de la société en général et de la CGT en particulier, la confédération impulsera la mise en place d’outils revendicatifs et de communication pour favoriser la syndicalisation et la formation des jeunes travailleurs et travailleuses afin qu’ils puissent s’organiser et construire leur syndicalisme de luttes et de conquêtes sociales, sociétales et environnementales.
- Les organisations UGICT et UCR devront élaborer avec la confédération des plans de travail déclinés dans les professions et les territoires.
- La création de syndicats multiprofessionnels, ou territoriaux professionnels a pour objectif que chaque syndiqué et syndiquée ait un syndicat. Un accueil spécifique, en fonction de la taille de l’entreprise, sera organisé pour fidéliser la syndicalisation et développer l’organisation. Pour rendre plus efficace la vie démocratique de ces syndicats, le congrès propose plusieurs pistes à mettre en œuvre sous la responsabilité des unions départementales et des fédérations. Un bilan en sera présenté au 53e congrès confédéral.
- L’animation d’un syndicat multipro ou territorial professionnel peut être faite par un (des) militant(s) d’un autre syndicat, d’une organisation territoriale ou professionnelle sous la responsabilité des UD et FD concernées afin d’assurer la continuité de l’activité, le suivi des adhérents et adhérentes et l’accompagnement des nouvelles bases.
- Une partie des travailleurs et travailleuses, provenant des entreprises de moins de 20 salariés et salariées peuvent s’organiser de façon permanente au sein de ce type de syndicat sous les formes appropriées pour construire le syndicalisme dont ils ont besoin.
- Pour celles et ceux provenant des entreprises de plus de 20 salariés et salariées, une délimitation dans le temps de 2 ou 3 ans paraît pertinente jusqu’à la création d’un syndicat plus à même de répondre à leurs attentes.
- Expérimenter de nouveaux modes d’animation de l’activité de la CGT localement sous la responsabilité des unions départementales (antennes, référents territoriaux ...) ;
- La commission exécutive confédérale doit veiller à ce que les organisations puissent avoir les moyens de cette mise en œuvre ;
- Ces orientations seront déclinées dans un plan de travail qui devra préciser la place des organisations de la CGT et leur articulation pour gagner en efficacité. Ce chantier pourrait faire l’objet d’une mise à jour des statuts de la CGT au 53e Congrès.
- Renforcer la place des femmes pour gagner la mixité à tous les niveaux.