Le cloisonnement profession/interpro – Échos de l’interpro #1
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Dans cette nouvelle rubrique, on raconte des petites anecdotes révélatrices de la place de l’interpro dans nos syndicats – pour partager un truc qui marche bien, ou au contraire pour râler contre ce qui freine l’activité syndicale.
Les faits racontés ici ne représentent pas forcément la situation générale. Mais on sait aussi qu’ils ne sont pas isolés ou accidentels, voire même plutôt habituels. Ils sont le reflet d’une des principales difficultés rencontrées par tout le syndicalisme de luttes : le manque de liens, l’isolement dans le mille-feuille des structures, etc. Conséquence : un rapport de force qui penche plutôt du côté de l’État et du capital, l’usure des équipes militantes de l’interpro de proximité, et les difficultés à trouver de nouvelles équipes pour prendre la suite des militant·es qui sont sur le départ. Il ne s’agit pas de distribuer des bons ou des mauvais points à des camarades qui auraient une bonne ou une mauvaise pratique, car ce n’est pas une question de personnes. Celles-ci militent dans un cadre donné, et ce cadre a indéniablement une influence sur nos propres pratiques à toutes et tous. C’est ce cadre qu’il s’agit d’interroger.
Ces chroniques doivent nous servir à faire évoluer notre cadre commun : à vos claviers pour nous envoyer à votre tour de petits récits de la vie dans vos unions locales ou départementales !
Cet épisode part d’un coup de fil d’un camarade qui est délégué syndical central (DSC) d’un groupe du secteur privé. Il est en tournée dans le secteur, et rencontre la nouvelle camarade fraîchement élue et désignée déléguée syndicale (DS) d’un établissement du même groupe. Le DSC explique à cette camarade qu’elle doit faire la formation de base CGT. Il contacte le secrétaire de l’Union des syndicats CGT de sa fédération, heureusement présente dans le département en question : comment on fait ? Le secrétaire de l’Union des syndicats CGT du département lui donne les coordonnées de l’UL concernée. La camarade sera bien inscrite à la prochaine session.
Que peut-on alors constater :
- le camarade DSC sait que ce sont les UL qui organisent ces formations. Mais il ne prend pas contact d’abord avec la structure interpro de proximité (dont il peut aisément obtenir les coordonnées en consultant le site confédéral CGT). Non, il contacte la structure de proximité de sa fédération. Par là, involontairement, inconsciemment, il « s’identifie » d’abord par le professionnel, et non par l’interpro. C’est là le reflet concret d’un des principaux problèmes internes à la CGT aujourd’hui. La « culture » du professionnel est placée avant l’interpro, y compris chez des camarades bien formé·es comme militant·es syndicalistes CGT.
C’est comme si un·e militant·e d’une UL, sollicité·e par un·e délégué·e syndical·e d’une entreprise et dont il-elle sait qu’il existe une représentation locale de sa fédération de rattachement, et qu’il sait contacter facilement, la renvoyait vers… l’union départementale.
Ce qui est à déplorer ici, ce n’est pas que la perte de temps, mais surtout l’enfermement de chaque « type » de militantisme (professionnel/interpro) dans sa propre sphère.
- l’UL concernée apprend donc, par la démarche du DSC, qu’il y a dans cette maison de retraite une déléguée syndicale CGT. Comment se fait-il qu’il faille attendre qu’un DSC ait le temps de rencontrer une nouvelle déléguée syndicale dans une entreprise située sur le territoire d’une UL, pour que cette dernière apprenne cette information, et puisse ensuite entrer en contact avec cette camarade ? Pourquoi ce cloisonnement entre les champs du professionnel et de l’interprofessionnel fait-il partie du fonctionnement habituel (même s’il n’est pas généralisé) dans la CGT ?
Et on sait que cette méconnaissance des UL par le réseau militant dans les lieux de travail où est implantée la CGT est trop commune. Tout comme la situation inverse : l’absence de retour vers la structure professionnelle de l’existence d’au moins une base CGT qui dépend d’une fédération donnée.