Négociations salariales SNCF : ce sera à froid

Publié le par Christian Mahieux

Si le jour même de la « négociation » salariale, un rassemblement de militantes et militants SUD-Rail/Solidaires et CFDT se tenait devant le siège de la SNCF, à Saint-Denis, il n’y a pas eu de mobilisation de masse avant que l’accord salarial soit soumis à la signature des fédérations syndicales. L’UNSA et la CFDT ont décidé de le signer. La CGT et SUD-Rail ont refusé de donner leur accord sur un texte qui valide une nouvelle perte de pouvoir d’achat pour les cheminots et cheminotes de la SNCF. Notons que, comme l’an passé, après avoir exercé le classique chantage à la signature (« si l’accord n’est pas validé, nous retirons nos dernières propositions »), la direction SNCF a finalement annoncé l’appliquer en l’état, même si, de fait, il n’y a pas d’accord salarial puisque le texte a été signé par deux organisations représentant moins de 50 % des voix lors des dernières élections professionnelles.

… À moins que ça se réchauffe dans quelques mois

Même si la situation ainsi créée, avec la division entre signataire et non-signataires, n’était pas des meilleures pour unifier les fédérations syndicales, la construction d’une action syndicale de masse et offensive pour obtenir de meilleurs salaires pouvait apparaître toujours d’actualité : naturellement de la part des fédérations non-signataires, mais aussi des signataires qui, dans leurs communications, relevaient les insuffisances de l’engagement patronal. Une interfédérale s’est tenue le 28 novembre. La fédération SUD-Rail/Solidaires a proposé un travail commun en vue d’une grève nationale dans les prochaines semaines, en décembre. UNSA et CFDT ont refusé ; SUD-Rail/Solidaires a maintenu sa proposition, envers la CGT ; celle-ci a décliné, optant pour une démarche incluant les fédérations signataires et renvoyant vers un mouvement au premier trimestre 2024. Les syndicats SUD-Rail/Solidaires ont décidé de ne pas lancer d’appel à une grève nationale, seuls, en décembre.

Souvent vécues comme un rite déconnecté du terrain, les négociations salariales dans les grandes entreprises (encore) publiques comme la SNCF ne sont pas un moment privilégié de mobilisation syndicale, contrairement à ce qui peut se passer dans nombre d’entreprises privées. À la SNCF, lorsque des négociations salariales ont pu être imposées à chaud, sous la pression des grévistes, c’est parce qu’il y avait un lien, soit avec des revendications catégorielles fortement appropriées par les cheminots et cheminotes concerné·es, soit avec des cahiers revendicatifs locaux traduisant les revendications nationales en éléments les plus concrets possibles. Le catégoriel et le local ne sont pas des obstacles à un mouvement massif, intercatégoriel et national, si tant est que ce soit cela qu’on veuille construire ; au contraire, ils contribuent fortement à la construction de celui-ci. Un enjeu toujours actuel ! À suivre…